19 septembre 2005
Lettre
ouverte de la coalition contre la déportation des réfugiés palestiniens
à Joe Volpe, ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, et à Anne
McLellan, vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique et
de la Protection civile.
Madame la ministre et Monsieur le ministre,
On aurait pu croire qu’étant assez grands pour
enfiler l’habit de ministre fédéral, vous aviez depuis longtemps dépassé
l’âge du jeu de la patate chaude. Mais au contraire, vous avez fait
monter les enchères, et au lieu d’un tubercule brûlant, vous vous
renvoyez maintenant la responsabilité de la vie et de la dignité des
réfugiés palestiniens du Canada.
Quoi qu’il en soit, la musique s’est arrêtée : vos
tentatives de négation de vos responsabilités et d’imputabilité devant
notre situation actuelle sont révélées au grand jour.
Madame McLellan, dans une lettre datée du 4 juin
2004, vous avez refusé toute responsabilité quant à la situation de plus
de 40 réfugiés palestiniens menacés d’expulsion du Canada, et refilé la
patate chaude au bureau de Monsieur Joe Volpe, affirmant qu’il incombe
au ministre de l’Immigration de répondre à nos préoccupations.
Monsieur Volpe, dans une lettre datée du 22 août
2005, vous avez refusé toute responsabilité quant à la situation de plus
de 40 réfugiés palestiniens menacés d’expulsion du Canada, et refilé la
patate chaude à Madame Anne McLellan en affirmant qu’il incombe à la
ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile de répondre
à nos préoccupations.
Nous avons toujours clairement formulé nos demandes :
qu’il soit mis fin aux expulsions et que soit accordé le statut de
résident permanent à tous les réfugiés palestiniens du Canada. En juin
2005, nous avons parcouru 220 kilomètres à pied, de Montréal à Ottawa,
avec des centaines de nos sympathisants de Solidarité sans frontières,
pour mettre de l’avant ces mêmes demandes. Durant plus de deux ans, nous
avons demandé à de nombreuses reprises la possibilité de discuter de
notre situation avec des représentants de vos ministères.
Le NPD, le Bloc Québécois, des membres de votre
propre parti, ainsi que 140 organismes de la société civile ont dénoncé
publiquement l’arbitraire et l’injustice qu’inflige le processus de
détermination du statut de réfugié aux réfugiés palestiniens, et ont
reconnu que les souffrances de ceux qui sont injustement refusés – des
apatrides nés dans des camps de réfugiés ou vivant sous occupation
militaire – devraient être soulagées sur-le-champ. Toutefois, lorsque
ces mêmes demandes vous sont adressées, à vous, les deux députés
directement concernés, vous prétendez vous absoudre de la responsabilité
devant « l’immigration », « la résidence permanente », « la protection
des réfugiés » et « les expulsions », tous domaines qui relèvent
uniquement et exclusivement de votre compétence conjointe.
Toutefois,
votre jeu de ping-pong ne vous exonère pas de toute responsabilité. Vous
demeurez responsables de notre souffrance. Des membres de notre
Coalition ont été expulsés vers des camps de réfugiés et leur
perpétuelle insécurité, et notre santé est grugée par le stress de ne
pas savoir si et quand nous serons arrachés à nos foyers d’ici et
renvoyés comme des sacs de déchets – comme si nous n’avions pas
travaillé 80 heures par semaine dans vos restaurants et dans vos
lave-autos, comme si nous n’étions pas tombé amoureux ou n’avions pas
embrassé notre nouveau-né dans ce pays.
Votre petit
jeu vous a peut-être amusés, mais pas nous.
Tague, à vous deux maintenant.
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Regardez les lettres envoyées
par les deux ministres à la Coalition en cliquant sur les liens
ci-dessous :
Lettre de la Ministre Anne
McLellan à la Coalition
Lettre du Ministre Joe
Volpe à la Coalition
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