Le
samedi 27 novembre 2004
Palestinien
clandestin arrêté dans le métro
Son
frère est accepté comme réfugié
Maxime
Bergeron
La
Presse
À
moins d'un revirement de dernière minute, le réfugié clandestin
palestinien Ahmad Nafaa sera expulsé du Canada mardi.
M.
Nafaa a tenté à plusieurs reprises de convaincre la Commission de
l'immigration et du statut de réfugié (CISR) qu'il courait un danger de
mort en retournant au camp de réfugiés d'Ein el-Hilweh, au Liban, réputé
comme étant l'un des plus dangereux du pays. Sans succès.
Or, quelques jours après que sa dernière requête eut été rejetée, en
août 2002, la CISR accordait le statut de réfugié à son frère...
jugeant qu'il courait un grave risque en retournant au Liban.
«C'est un très gros non-sens, une preuve flagrante que le processus est
très aléatoire, a déploré hier l'un de ses avocats, Annick Legault. On
dirait qu'on tourne un 25 sous pour déterminer si quelqu'un va rentrer ou
non au pays! Comment les mêmes fondements d'une demande de statut de réfugié
peuvent fonctionner dans un cas et non dans l'autre?»
Ahmad Nafaa est en état de clandestinité depuis février 2003, alors
qu'un premier mandat d'expulsion a été émis contre lui par Immigration
Canada. Il a été appréhendé mardi soir dans le métro de Montréal. M.
Nafaa a contrevenu à certaines lois et procédures de la CISR, admettent
ses avocats, mais sa vie est réellement menacée s'il retourne au Liban,
disent-ils.
D'ici à son expulsion vers les États-Unis, par où il est entré au pays
en septembre 2000, l'homme de 24 ans restera emprisonné au centre de détention
d'Immigration Canada, à Laval. Ses avocats tenteront d'ici là de
convaincre la Cour fédérale de lui accorder un sursis, le temps d'étudier
sa demande de résidence permanente pour motifs humanitaires.
Joint hier, le Palestinien a dit ne toujours pas comprendre pourquoi son
frère avait été accepté, et lui pas, alors qu'ils présentent un
profil similaire. «Ma vie est en danger si je retourne là-bas, c'est sûr,
a-t-il indiqué. Les autorités m'ont dit que je n'étais pas obligé
d'aller au Liban, que je pouvais aller dans d'autres pays. Mais je ne possède
aucun passeport, pas même du Liban!»
L'affaire a choqué de nombreuses personnes au pays. D'abord les groupes
de défense des réfugiés palestiniens, qui ont manifesté hier à Montréal.
Mais aussi plusieurs députés à Ottawa, dont la néo-démocrate Alexa
McDonough, qui a demandé à Paul Martin d'intervenir dans le dossier.
La CISR a tenté hier de calmer le jeu hier en expliquant son mode de
fonctionnement. «Parfois, deux cas peuvent avoir l'air identiques à la
surface, mais quand ils sont entendus, les documents présentés, le témoignage
et la crédibilité du demandeur peuvent différer», a précisé le porte-parole
Charles Hawkins. Si la Cour fédérale refuse d'accorder un délai, Ahmad
Nafaa sera expulsé vers les États-Unis mardi, où son cas sera alors réétudié
par les autorités américaines. L'homme n'a aucun antécédent criminel
au Canada, ont souligné ses avocats. Son « manque de crédibilité »
aurait souvent été évoqué par la CISR pour justifier ses refus répétés.
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