Le mardi 30 novembre 2004
IMMIGRATION
Un réfugié palestinien expulsé aujourd'hui
Maxime
Bergeron
La Presse
Malgré l'appui de
centaines de militants et de plusieurs députés fédéraux, le réfugié
palestinien clandestin Ahmad Nafaa sera expulsé du Canada aujourd'hui.
La Cour fédérale a
rejeté hier en fin de journée la demande de sursis déposée vendredi
dernier par l'avocate de M. Nafaa, Me Annick Legault. Cette
dernière demandait que son client puisse rester au pays le temps que sa
demande de résidence permanente pour motifs humanitaires soit étudiée.
Ahmad Nafaa, arrêté il y a une semaine dans le métro de Montréal, était
en état de clandestinité depuis février 2003. Il avait épuisé tous
ses recours pour être accepté comme réfugié au Canada. Il sera escorté
aujourd'hui par des agents de l'immigration jusqu'au poste-frontière de
Lacolle. Des agents américains le dirigeront ensuite vers une prison de
l'État de New York.
«Je trouve épouvantable d'avoir à dire à mon client qu'il doit aller
vers les États-Unis et qu'il y a des chances qu'il soit torturé et qu'il
subisse de la discrimination», a déploré Me Legault peu après
l'annonce de la décision.
Plusieurs manifestations ont eu lieu depuis l'arrestation de M. Nafaa. Des
députés fédéraux, dont la néo-démocrate Alexa McDonough, ont exhorté
le premier ministre Paul Martin à réviser son cas et à prononcer un
moratoire sur l'expulsion des Palestiniens apatrides. Hier, une centaine
de personnes sont allées protester devant le bureau de la ministre de la
Citoyenneté et de l'Immigration, Judy Sgro.
Les sympathisants d'Ahmad Nafaa craignent qu'il soit renvoyé vers le camp
de réfugiés d'Ein el-Hilweh, au Liban, réputé comme étant l'un des
plus dangereux du pays. L'homme de 24 ans était entré aux États-Unis en
septembre 2000 avec un visa d'étudiant avant de se rendre au Canada. Son
frère a été accepté comme réfugié en présentant une demande
similaire à la sienne, ce que son avocate juge «totalement absurde».
Me Legault entend poursuivre ses démarches auprès
d'Immigration Canada pour que son client puisse obtenir la résidence
permanente et revenir au pays.
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