Le
Devoir
Plus de 1500 personnes manifestent
pacifiquement contre le mini-sommet de l'OMC qui s'ouvre à Montréal
Geneviève Otis-Dionne
ةdition
du lundi 28 juillet
2003
Mots clés : Montréal, Sommet, Commerce, omc
Des manifestants se sont réunis hier dans le
centre-ville de Montréal pour clamer leur opposition à la Mini-ministérielle de
l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui débute aujourd'hui au Sheraton de
Montréal. La marche «Personne n'est illégal» avait pour objectif de «dénoncer le
néo-colonialisme de l'OMC et de ses partisans» et d'apporter un soutien aux
réfugiés en attente de leur citoyenneté canadienne.
Les organisateurs de la
marche avaient clairement annoncé que l'événement était sécuritaire pour les
enfants et qu'il n'impliquerait aucune désobéissance civile. La manifestation
s'est en effet déroulée sans incident, rythmée par les tam-tams des manifestants
et les slogans de solidarité adressés aux réfugiés palestiniens, algériens,
pakistanais et colombiens qui sont menacés d'expulsion par le gouvernement
canadien.
Malgré le temps plutôt maussade, entre 1500 et 2000 personnes se sont déplacées
pour prendre part à l'événement, selon les organisateurs. Plusieurs familles ont
répondu à l'appel, la foule était composée de manifestants de tous les âges.
Différentes ethnies étaient également présentes pour revendiquer le droit à
l'autodétermination de leur peuple et pour s'opposer à l'expulsion des réfugiés.
«On organise cette marche pour faire le lien entre les politiques de l'OMC et
ses effets de déplacements sur les populations du monde, explique le
porte-parole de la marche, Rabie Masri. Les politiques de l'OMC et les pays qui
profitent de ces politiques causent des situations où les gens sont déplacés en
grand nombre. Ces personnes viennent ici pour chercher un asile, de la
protection, mais une fois qu'elles arrivent au Canada, elles font face à cette
même politique et elles sont expulsées, exclues de la société et on ne leur
offre pas la protection qu'elles méritent.»
M. Masri donne en exemple les réfugiés
palestiniens, pakistanais, algériens et colombiens qui sont actuellement menacés
d'expulsion. «Les réfugiés palestiniens ont été expulsés de la Palestine en
1948. Aujourd'hui, en 2003, ils sont une centaine qui vont être expulsés du
Canada, déplore M. Masri. Ce sont des gens qui sont nés sans
ةtat,
dans des camps de réfugiés.
Ils ne sont pas venus ici pour chercher une
meilleure vie, ils sont ici pour chercher une vie.»
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Ahmed Abdirahman, membre de Solidarité pour les droits
humains des Palestiniens (SDHP), soutient quant à lui que les pays qui se
réunissent aujourd'hui à la Mini-ministérielle de l'OMC, dont le Canada, «sont
hypocrites». «Les gens qui vont se réunir demain [aujourd'hui] vont demander
encore plus d'ouverture et de circulation pour les marchandises d'un côté. De
l'autre, ils referment les frontières pour les êtres humains. C'est une équation
qui est pour nous injuste.»
L'organisatrice au Québec du Nouveau Parti démocratique du Canada (NPD), Piper
Huggins, était présente à la manifestation pour apporter l'appui de son parti
aux réfugiés. Elle accuse le gouvernement du Canada d'expulser les réfugiés
algériens pour développer des relations économiques avec l'Algérie. «C'est
incroyable que des Algériens soient forcés de retourner chez eux parce que M.
Chrétien veut exporter nos biens en Algérie. Pour ça, il doit dire que ce sont
des bonnes personnes qui sont au pouvoir en Algérie et que les réfugiés ne sont
pas menacés dans leur pays. Pourtant, tous les jours, des gens meurent en
Algérie.»
De nombreux réfugiés pakistanais se sont joints à la marche pour demander la
citoyenneté canadienne. Syed Naqi Haider est arrivé au Canada il y a sept mois
et ne sait pas encore s'il va pouvoir rester au pays. Il a peur d'être expulsé
comme plusieurs de ses amis. M. Haider fait partie de la minorité Shia au
Pakistan, «une minorité qui est tout le temps persécutée, indique M. Haider. Si
je retourne au Pakistan, je vais être tué».
Le groupe Action et Solidarité pour la Colombie était aussi présent pour
dénoncer le fait que «les Colombiens sont de moins en moins acceptés au Canada
comme réfugiés et [que] plusieurs ont été récemment expulsés» a déclaré au
Devoir le vice-président de l'organisme, Pablo Cruz.
Les organisateurs de la marche se sont déclarés satisfaits de l'événement et
sont contents que celui-ci se soit déroulé sans incidents violents. «C'est
important de créer des espaces pour toutes les formes de résistance, affirme
Mélanie Sylvestre, porte-parole de la Mobilisation populaire contre l'OMC. Si ce
n'était pas de la répression policière à laquelle ils nous ont habitués, nous ne
serions pas obligés d'organiser des marches familiales. Les gens ont plus peur
maintenant de venir manifester avec leurs enfants.»
Des manifestations, qui encouragent cette fois-ci la désobéissance civile, sont
prévues ce matin devant le Sheraton.
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